Tuareg
1999

b&w, 2 x stereo
2 room
video projector, media player transparent projection screen, glass, 4 audio speakers, 2 amplifiers
projection: 1.8 x 2.4 m
Tuareg challenges colonial representations as well as the media supporting them. This sound installation presents a two-sided screen-window visible from two separate rooms, each one broadcasting a different sound. A 30-second looped video shows one after another what seems to be a photograph, then this same photograph animated, of a group of Berber children filmed in the 1930s in the western Sahara. This archival image tallies with the conventions of classical documentary photographic framing: hierarchical distribution of bodies, sustained head-on pose, expressions that are fixed and serious. The photographic order lasts for seven seconds, replaced without any cut made to the shot by a cinematographic disorder, in which we see the children messing about, changing places, laughing and playing, and enjoying the unbridled pleasure of movement. Then, 27 seconds later, a subtle blur re-installs the photographic pose and makes the viewer aware of the enormous gap separating photography from film. This “photographic moment”, as Fiona Tan describes it, taken from the film, is then presented like the temporal off-screen moment of the photographic instant, and presents what happens before and after the click which has nothing more decisive about it than its death-dealing character. The film is joyous and full of life; a sort of grace emerges from this scene where the disorder of childhood contrasts with the order of colonial law, where the disorder of the real contradicts the order of representation, and where the disorder of fantasized Africa clashes with Western reason. Recycling here reintroduces a use of technologies in their representational power.
Françoise Parfait
Translated by Simon Pleasance
Brief description - French
Tuareg interroge les représentations coloniales en même temps que les médiums qui les supportent. Cette installation sonore présente une vitre-écran double face visible depuis deux pièces séparées, dont chacune diffuse un son différent. Une vidéo en boucle de trente secondes montre successivement ce qui semble être une photographie, puis cette même photographie animée, d’un groupe d’enfants berbères filmés dans les années 1930 au Sahara occidental. Cette image d’archives correspond aux conventions du cadrage photographique documentaire classique : répartition hiérarchique des corps, pose frontale tenue, fixité et sérieux des expressions. L’ordre photographique dure sept secondes, remplacé, sans coupure du plan, par un désordre cinématographique où l’on voit les enfants chahuter, changer de place, rire et jouer, jouir de la joie débridée du mouvement. Puis, vingt-sept secondes plus tard, un flou subtil réinstalle la pose photographique et fait prendre conscience au spectateur de l’écart énorme qui sépare la photographie du film. Ce « moment photographique » – comme le désigne Fiona Tan –, extrait du film, se présente alors comme le hors-champ temporel de l’instant photographique, et donne à voir ce qui se passe avant ou après le déclic, qui n’a plus de décisif que son caractère mortifère. Le film est joyeux et plein de vie ; une sorte de grâce se dégage de cette scène où le désordre de l’enfance s’oppose à l’ordre de la loi coloniale, où le désordre du réel contredit l’ordre de la représentation, où le désordre de l’Afrique fantasmée s’affronte à la raison de l’Occident. Le recyclage refonde ici un usage des techniques dans leur pouvoir de représentation.
Françoise Parfait